Il y a des dirigeants bénévoles qui méritent notre respect et qui, dans l'ombre, apportent leur pierre à l'édifice sans attirer les projecteurs de la notoriété. Henri PICHERIT fait partie de ceux-là.

De nature chétive, le rugby est venu à lui d'une drôle de façon. À l'âge de 12 et 13 ans, alors que sa mère louait quelques chambres aux équipiers premiers de la grande équipe du S.N.U.C., en 1912, Henri avait été frappé par cette ambiance de la joie de vivre et de santé, de force que donnent les milieux sportifs. La famille de Percy BUSH l'aida dans sa future destination.

En 1915, malgré de réels dangers, Henri n'hésita pas à s'embarquer vers l'inconnu, vers Cardiff, où il se sentait attiré et pendant 4 ans, il y mena la vie de petit commis de douane, qui sans attendre que la passerelle soit posée, sautait au bord des cargos pour obtenir du commandant que les formalités de douanes lui soient confiées.

La langue de Shakespeare n'a plus de secret pour lui. Il eut des moments pénibles, et lorsqu'il revint aussitôt après la guerre, chargé d'expérience, il entra au Consulat américain à Nantes où il devait rester sept ans.

Dès son retour du Pays de Galles, il se remit dans l'ambiance des joueurs de rugby et se noue d'amitié avec Albert CHESNEAU et Marcel PEDRON. Sa constitution et ses moyens physiques, ne lui permettaient pas de pratiquer le sport, mais il savait insuffler, aux uns et aux autres sa volonté et son désir de vaincre. Nul n'était plus heureux que lui lorsque l'un des membres du club accomplissait un exploit ou était l'objet d'une sélection. Il est présent à Périgueux, en 1925, auprès de CHESNEAU lorsqu'il est sélectionné en équipe de France.

[…] Quant au Nantais CHESNEAU, il n'en croyait pas ses oreilles. Son émotion fut très vive, mais la joie de ses deux amis nantais, MM. PICHERIT et AZELROUD faisait plaisir à voir. […][1]

Il s'investit dans la formation des jeunes. À Nantes, le rugby a pris racine au Lycée CLEMENCEAU. Aussi, avec ses amis PEDRON et CHESNEAU, ils recréent une équipe de rugby au Lycée. Il est l'organisateur et le trait d'union avec les potaches.

[…]Ce groupement prit corps, puis, travaillé par ces dévoués, la saison 1933-1934 voyait plusieurs équipes évoluer et les meilleurs sujets incorporés dans l'équipe première du Stade Nantais. Comme on le voit, le Stade Nantais n'assurera sa vitalité que par ces jeunes dont l'esprit de club est un garant de succès. […][2] 

Sur le calendrier de la saison 1933-1934 seules deux équipes y figurent : l'équipe première et celle du lycée.

Il ne transigeait pas avec les lois de l'amateurisme. Avec son ami Percy BUSH, il a milité pour harmoniser les rapports entre la Fédération Française de Rugby et la Fédération Galloise.

En 1945, il est l'artisan de la venue de Cardiff, puis de Newport, Waps, Bristol. Grâce à son initiative, un échange d'arbitres gallois et nantais fut mis sur pied. Ainsi, Louis MURAIL fut le premier arbitre français admis à diriger un match de rugby au Pays de Galles.

[…]Henri a été nommé par le Comité de CARDIFF CLUB, membre honoraire à vie, cette distinction lui fut accordée par le plus vieux club de rugby britannique, les Waps, ces honneurs sont rares et surtout lorsqu'il s'agit de les décerner à des étrangers.[…][3]

Henri travailla dans l'ombre à faire briller notre club dans les îles britanniques et à contribuer au développement du sport scolaire dans la région nantaise et au-delà.